Je levais la tête, contemplant la plaine immense se déroulant sous mes yeux. Vallonnés, l’herbe tourbillonnait sans cesse, poussé dans toutes les directions.
Je baissais les yeux, et vit une épée, planté à moitié dans le sol. Péniblement, je me penchais pour la ramasser, le poids des ans se faisant toujours plus présent. Ma main se resserra autour du pommeau, réduisant l’arme en une fine poussière rouillé. J’étais sur un champ de bataille, ancien, ayant bu leur part de sang, mais en réclamant toujours plus.
Je me tenais contre une lourde crosse, plus semblable à une bannière, mais les trois ronds  le couronnant confirmait son rôle sacrée.

En sur ce gigantesque rouleau de verdures se dressaient des armées. De toutes tailles et de toutes formes. Chacune était déjà venue sur ces terres. Chacune s’était battue, et il était temps de recommencer.
A ma droite, se tenait une créature verdâtre et aux formes sans cesses en mouvement. Comme une limace, suintant du pus constamment, et que la pourriture avait donné la délicate couleur des champignons. La chose tournait sur elle-même, se balançant de droite à gauche, semblant ne pas pouvoir supporter l’attente. Un sentiment de tendresse se fit dans mon coeur, alors que je posais ma main recouvert de bubons sur la créature. Je sentis alors l’ichor qui la recouvrait me piquer la peau, avant de remonter le fil de mes veines. Et de disparaître dans les entrailles de mon corps. La bête se frotta alors contre ma main, heureuse, et désirant visiblement plus qu’une seule caresse. Ces mouvements projetaient des gouttes jaunâtres, faisant dépérir les brins d’herbes qui avaient le malheur de les accueillir.

Derrière moi, une horde sans fin, hétéroclite, mais pourtant, semblable d’aspect.
Avide d’en découdre, un vent puissant souffla soudainement sur la plaine. Nous le savions tous, il était temps.
Je pointais ma lourde crosse vers l’avant, et la bataille commença.



Je ressentais en moi, une force sans commune mesure. Les portes étaient ouvertes, les quatre vents soufflaient, nous insufflant leur immatériel énergie.
Je levais ma crosse haut dans le ciel, avant de l’abattre sur le crâne d’un soldat en face de moi, qui explosa sous le coup.
Et cela n’était encore rien.
J’eus un mouvement de recul, alors qu’un contingent ennemi me fonçait droit dessus. Avant d’expirer de toutes mes forces sur ces pauvres âmes damnés, les recouvrant tous d’une épaisse fumée verte. Mon œil seul, arrivait à distinguer ce qui se passait à l’intérieur. Ils furent arrêter net dans leur charge, alors que leur corps changeait à vue d’oeil, se recouvrant de verrues, des furoncles de la taille d’un poing poussaient sur leur fronts, vomissant un torrent de pus dans lequel les moins chanceux trébuchèrent. Les survivants, les plus solides, furent soudainement chargé par un contingent de bête de tout à l’heure. Souriant de leur visage sans dents, les bêtes foncèrent sur les infortunés, les léchant de leur lourde et immonde langue. Sous leurs actions, la peau de soldat se mit à tomber, se nécrosant instantanément, alors que les créatures jouèrent avec eux de plus belle. Tant et si bien qu’ils ne restaient de ces derniers, qu’une flaque de chair et liquides putréfiés. Les plus joueurs des monstres se roulaient dedans, pendant que d’autres regrettaient l’étrange disparition de leur compagnon de jeux. Avant d’en repérer d’autres, et de courir vers eux, répéter le cycle.



Soudainement, un gigantesque guerrier, entièrement armuré, sortit de la masse pour m’asséner un monstrueux coup d’épée. Il me toucha l’épaule de plein fouet. Mais je ne sentis rien. Mon épaule, déformé au-delà du raisonnable par une vieille tumeur, afficha soudainement, un large sourire. Deux petits bras sortirent de cette dernière avant d’aggriper les mains du guerrier.
Il était fini. Je pouvais sentir les Créatures ronger mon esprit, tentant de se frayer un chemin dans le monde réel à travers mon esprit, alors que je faisais de même pour leur soutirer du pouvoir. Une fois de plus, je fus victorieux, et mon poing se posa contre le torse du guerrier, corrompant le métal instantanément, qui tomba en rouille sous mon action. Je tendis alors le doigt, qui s’enfonça tel une lame chaude dans le corps de mon ennemi. Il ouvrit la bouche, retenant un cri, mais déjà, les vers en sortirent, dévorant sa chair. A la vitesse de l’éclair, elle grossissait déjà, avant de devenir des mouches, se nourrissant avidement de son corps tombant s’affalant sous son propre poids.
Un essaim de mouche grosses comme le poing quitta la flaque de soupe nécrosé que fut mon adversaire.



La bataille allait bon train.
Lorsque soudainement, trois des Vents moururent.
L’Immortel arriva. L’instant que nous redoutions tous était arrivé. Une gigantesque vague s’éléva depuis l’horizon, obscurcit le ciel, prête à engloutir touts ceux présent dessous. J’eus un pincement au coeur, alors que la fin se fit sur moi, pour la nouvelle fois. J’avais déjà combattu sur ces lieux, et j’avais déjà senti la mort m’engloutir. J’étais déjà revenu une fois, mais je le sentais, cette fois-ci serait la dernière.
Un visage semblait se dessiner au coeur de la vague. Un visage à deux tête, indistinguable, mais définitivement familier.






Et je me réveilla.
Seule, dans ma chambre, en sueur, je levais la tête vers la fenêtre, un rayon de lune se posant juste sur mon visage.
Quelque chose se préparait. Il me faudra être prêt.