Il n’est pas étonnant que la divinité animale de Enkhmaa soit un lion tant elle a de lien avec le pouvoir et l’autorité. Comme lui, elle est pour sa tribu puissante et solaire, responsable, confiante et chaleureuse malgré sa discrétion. Cependant, c’est bien un renard qui lui a montré pour la première fois le chemin vers le monde d’en-bas, celui des animaux de pouvoir. Grâce à ce maître avisé et sensible, elle a pu dompter ses émotions et découvrir son potentiel, user de ce monde qu’elle a en elle d’une richesse absolue dans son quotidien. Enkhmaa est aussi souvent traversée par l’énergie du cheval, une énergie réparatrice et entraînante qu'elle convoque lorsqu’elle se sent fatiguée ou triste, qui inspire la joie, le dynamisme et la confiance partout où elle passe.

Enkhmaa est une personne intuitive bien que sage. Elle ne fait plus qu’un avec ses rêves, et les contes qui ont nourri son enfance habitent maintenant en elle car son intérieur est sa maison, une protection où elle retrouve son innocence et où elle peut révéler son plein potentiel. En cela, elle est réservée mais ne manque pas d’espièglerie. Elle danse, elle chante parfois dans des langues inconnues qu'elle invente, de manière totalement instinctive comme les enfants. Elle peut même se révéler changeante, jouant avec ses facettes comme une pierre brute, qui se taille au contact des autres.

C’est une personne courageuse, pacifiste et qui a la violence en horreur. Les armes ne sont pas son monde, elle préfère la nature, la chaleur du soleil, assister à l’envol d’un papillon. Ainsi, elle est fragile et craint souvent un déséquilibre émotionnel qui causerait son éloignement des mondes chamaniques. Pourtant, elle ne se bat pas contre le destin et tend à comprendre ses émotions et celles des autres.

Parfois, elle est terrifiée par son époux, qui de temps à autre est accompagné par l’esprit d’un dragon qui l’emplit de ressentis contradictoires. Parfois enfin, elle est tant dans son monde qu’essayer de l’en décrocher se révèle vain. En bref, Enkhmaa reste une personne émerveillée par la vie, mais aux épaules sûres, qui soutient son mari dans ses entreprises autant que sa tribu.



Ses longs cheveux châtains s’agitent comme une crinière sur son corps frêle et ondulant. Les perles et les pompons, les pierres et les gemmes dont elle se couvre de pied en cap scintillent et ricochent sur sa peau blanches et à ses pas, et à ses sauts. C’est Enkhmaa :  elle est toute alourdie de bric et de broc et même son paisible visage animé par un placide sourire n’est pas nu : tout maquillé de glaise, de khôl et de pierres taillées.

Elle va ainsi, naturelle tant son corps n’est pas couvert, mais spectrale, toute droite et sur la pointe des pieds, comme si elle allait s’envoler à tout instant ou qu’elle avait peur de déranger le monde des hommes par sa présence. Du haut de son mètre cinquante, elle est ainsi, à la fois discrète et divine. On ne peut se tromper à propos de sa place en ce monde : elle est mystique.

Bien qu’ayant enfanté, ses hanches demeurent étroites comme celles des jeunes filles et elle possède cette aura. Elle est sans âge, on pourrait même la croire immortelle, pourtant parfois une ride de soucis apparaît entre ses bien fins sourcils. Preuves de son initiation, des tatouages aux marques mystérieuses prennent l’intégrité de ses bras. Il s’agit d’une représentation du Lion et du Cheval, deux des tngris qui la visitent le plus souvent.


Il était une fois deux lignées soeurs qui se partagaient l’intendance d’une tribu nomade. Tour à tour cheffes, rivales, vassales puis traîtresses, elles assuraient et assurent encore le cycle de la vie et de la mort au sein des Tsaatan. Il était une fois la fille d’une de ses deux lignées qui avait vu son père évincer son rival sans pitié et assisté à la disparition de l’un des siens. C’était une douce jeune fille née en hiver et dont les yeux noirs guettaient sans cesse les étoiles.

Elle grandit forte et vigoureuse. Elle avait tout pour décider du chemin de sa vie. Cependant, à dix ans, elle sortit de son corps pour se promener parmi les esprits lors de la naissance de son petit frère. L’acte resta longtemps mystérieux mais il est dit qu’elle dansa instinctivement, faisant claquer ses pieds et mouvoir ses fines jambes comme un cheval fou de joie. On lui dit alors qu’elle était chamane, qu’elle possédait un don, qu’elle devait le développer sans quoi elle tomberait malade et sombrerait, seule et désœuvrée. Et elle le fit.

Enkhmaa fut le nom qu’on lui donna, car malgré sa jeunesse, elle savait apaiser les âmes. Plus tard, elle saurait guérir tous les maux. Sarantsatral, la chamane de la tribu la prit son son aile. Elle était partie pour quinze ans de dur apprentissage et d’immenses sacrifices. Pourtant, déjà raisonnable, elle ne se plaignit pas de son sort.

En l’absence de lignée rivale, elle vit son père gérer seul les affaires de la tribu. Elle vit combien cette absence pesait à celle-ci, elle ressentit l’incompréhension, la peur, les conflits, le chaos engendrés par ses décisions. Elle contempla les abandons successifs de ses gardiens excédés. Et elle grandit encore, le cœur continuellement troublé de voir ses frères s’entre-déchirer, redoutant tous les jours un nouveau problème ou une nouvelle bagarre. Pour autant, personne n’osait remettre en question l’autorité de son père, indigne de diriger les siens.

Cinq années avant la fin de son enseignement, la vieille Sarantsatral décéda naturellement et plongea par la même Enkhmaa ainsi que les Tsaatan dans une grande détresse. Dans la même période, la jeune chamane fusionna avec l’esprit Lion qui l’encouragea sur sa voie et lui intima que rien n’était perdu : un grand changement se profilait pour les siens. Moins d’une lune plus tard, le frère disparu resurgit des abîmes de son enfance en homme fait. Il défia celui qui avait évincé son père et le mit à mort pour prendre sa place. Si la scène fut d’une violence terrible, Enkhmaa appela son peuple à se rallier à la cause du nouveau venu. Animée d’une prestance mystérieuse, elle leur apporta les paroles de l’esprit Lion, sa bénédiction et dansa comme le cheval toute la nuit.

Pourtant, à l’issue de cet événement, elle perdit une part de sa connexion avec les esprits. Son mental brouillé de doutes, elle se trouva tout d’un coup incapable de communiquer avec eux. Le nouveau chef lui demandait une union afin de centraliser tous les pouvoirs de la tribu dans un couple fort et solidaire. Mais elle ne pouvait se résoudre à se donner à l’assassin de son père. Son véritable frère le voyait également d’un mauvais œil, dévoré de jalousie. Ce ne fut que lorsqu’elle comprit enfin que le Lion qui la guidait était affilié à Sanjaasüreungiin qu’elle accepta de lui donner sa main. Ils se promirent que dans cinq ans, dans cinq années la tribu retrouverait sa superbe, Enkhmaa aura terminé son apprentissage et qu’ils auraient un fils. Ils tinrent parole.

La bénédiction reçue d’un chamane d’une tribu alliée, Enkhmaa s’offrit à Sanjaasüreungiin pour la première fois à vingt ans. Elle se souvient avoir longuement préparé cet événement, attendant la bonne phase de son cycle grâce à la lune et ayant préparé une potion de fertilité qu'elle but avant l’acte afin d’être certaine de concevoir. Cependant, la rancœur tenace qu’elle nourrissait toujours en cachette envers son époux l’obligea à mordre le dos de sa main jusqu’au sang en appelant la gaieté et l’action de l’esprit Cheval. Elle ne gémit pas une seule fois, ni cria, pour ne pas manifester tout ce que son chef provoquait en elle et finalement elle subit.

Près de neuf lunes plus tard, un petit Od naquit du fruit de leur union et commença tout doucement à révéler aux yeux de sa mère quel homme admirable était Sanjaaüreungiin. Peu à peu, leurs sentiments évoluèrent. Alliés sous des aspirations et des valeurs communes, leurs cœurs s’éprirent l’un de l’autre. Et à mesure que Enkhmaa devint une chamane émérite, elle gagna en féminité et n’éprouva plus de retenue à désirer et à se donner à son chef.

Aujourd’hui, issues des deux lignées rivales et fondatrices de la tribu Tsaatan, les deux hautes figures du clan œuvrent de concert pour les mêmes buts : la paix pour les leurs et parmi toutes les tribus tunguz.


Personnage sur l'avatar : Original de Xiao Bai
Un petit mot doux ? Merci pour votre patience et votre bienveillance !

Asma-chou
La voilà enfin Enkhmaa! Amie Tunguz, ça promet des RP intéressants \o/ J'aime bien ce que tu as dévoilé d'elle, j'espère qu'elle croisera la route d'Oyun un de ses quatres