Dans l’eau, les maux viennent… et se noient ~

L'Eau & Les MotsStygian & AkilahThis crap isn't new Monsters and cycles Constantly glued Hold on to my words, no doubts occure, it's needless to say but You're all my world(Deluxe → My world)Le temps était magnifique, s’accordant parfaitement avec la saison et l’arrivée du mois de Se-kar-ra-gal promettait des journées fraîches mais ensoleillées, aux douces effluves émanant des jardins et des arbres en fleurs. Il n’y avait pas de doute que pour l’Hundra c’était le moment parfait pour profiter de la vie qui l’entoure à chaque instant. Il ne fait plus si froid pour sortir mais pas encore trop chaud pour ne pas suffoquer… c’est l’entre-deux parfait qui réchauffe son coeur et son âme dans sa quête du bonheur et d’aventures ! C’est surement parce que c’est le mois de sa naissance qu’il se sent en harmonie avec les éléments, mais il n’a pas encore développé les capacités pour les contrôler… car malgré ce qu’on dit des Hundras il n’y a rien de divin en lui, il est un être humain comme n’importe quel autre.

Pourtant, le soleil froid mais bienveillant, laissa la place à une grisaille aux nuages gorgés d’eau. Les averses sont en général passagères et fréquentes en fin de matinée ou dans l’après-midi et s’il ne pouvait rien y faire, Stygian n’avait pas peur de se faire mouiller. Au contraire, il avait une certaine prédisposition pour se retrouver toujours sous la pluie de son Dieu, que ça soit sous les gouttes délicates, ou celles d’une force à le plaquer au sol, il aime à se retrouver sous ce rideau d’eau qui relie son corps ancré dans la terre jusqu’au ciel comme un courant. Certaines fois il y pense, à l’orage dévastateur qui était à deux gouttes de lui prendre la vie, survivant de la rage de Dingir, il ne gardait de séquelle que des rêves étranges d’enfant-poisson qui parcourent la terre sous les eaux sombres du déluge.

Un rêve qui est attaché en lui comme un autre, une habitude qui ne le quitte pas mais qui ne l’a jamais effrayé ou terrorisé, bien moins en fait que la réalité crue de sa vie d’Hundra. Car les rêves de ses songes lui importent bien moins que ceux de ses jours… accessibles et pourtant interdits. Alors la beauté blanche aux traits ni homme, ni femme, fuit encore et toujours une réalité qui ne lui convient pas, même si la pluie bat son plein, il n’hésitera jamais à profiter de son manteau humide pour s’évader quoi qu’il en coûte ! Né dans un clan qui lui a appris les bons gestes et habitudes pour éviter les maux physiques, il sait comment faire pour que la fièvre reste loin de lui même si son coeur est resté trop longtemps sous les gouttes divines.

Voilà comment, une fois sa toge de lin bouilli fut trempée, il se retrouva face au gérant d’un des thermes qu’il aime à fréquenter. C’est ici qu’il se retrouve régulièrement pour profiter des bains, du calme, des belles vues, fuyant soit la chaleur qui lui colle à la peau en été, soit cherchant l’abris d’un endroit qui apaise son corps tout autant que son âme. Repoussant la capuche pour dévoiler son visage connu pour sa fréquentation régulière, il demanda comme bien souvent un bain privé dont la vue ouverte donne sur les jardins fleuris, les temples imposant et la rivière en arrière plan qui se gorge de l’eau qui plus calme continuait malgré tout à tomber dans un bruit de fond relaxant. Car c’est bien ce qu’il recherche en venant ici, pouvoir détendre son corps, le réchauffer ou le rafraîchir, apaiser son être et laisser s’évaporer dans les volutes des eaux chaudes les pensées noires qui embrument son esprit.

Ceux qui le connaissent… et ils sont rares d’ailleurs, savent que malgré son grand coeur, son désir d’aimer et de découvrir, il est un être dont les apparences sont trompeuses. La solitude fait partie d’un quotidien qu’il dénigre mais dont-il n’arrive pas à se détacher. Si ses rencontres sont multiples, il a encore beaucoup de mal à dévoiler le fond de son coeur, il vit de sourire et d’amour, d’audace impulsive, de caprice orgueilleux, d’un courage entêté et même d’une révolte infatigable… ou presque ! Ses pieds nus sur le marbre chauffé font légèrement souffrir à chaque pas ses longues jambes fuselées d’avoir trop couru sans jamais arrêter sa quête. Son dos, qu’il étire à l’en faire craquer, se plaint tout autant et l’eau fumante du bain l’appelle à se délester de ses souffrances autant physiques que psychiques. Comment résister ? Laissant tomber le drap de bain qu’il lui a été échangé contre sa toge mise à sécher, il pénétra seul et nu dans l’eau bienfaitrice s'immergeant jusqu’aux épaules prêtent à se dénouer par la chaleur.

Il s’accouda à un rebord dont la vue somptueuse donnait sur les jardins plus loin et il soupira de ne pouvoir en sentir les parfums qui d’habitude embaumaient jusqu’ici quand la pluie ne tombait pas. Il resta un long moment à regarder sans plus la voir l’eau tomber, il ne sentait plus son corps, comme endormi par la chaleur, et seul son esprit divague sur la vie qui est sienne. Il y a des choses qui changent, comme sa famille qui venait de s’agrandir avec l’arrivée d’une soeur qu’il désirait plus que tout, ou la rencontre d’un amant bien différent de ce dont-il a toujours rêvé les nuits humides de ses fantasmes, ou encore les nouvelles de ceux qui comptent pour lui et qui le bouleversent d’un trop plein de sentiment joyeux ou tristes. Et puis il y a toutes ces choses qui ne changent pas ou dont-il n’arrive pas à modifier le cours de l’histoire. Être ce qu’il est, car même s’il s’aime, il ne peut s'émanciper de celui qu’on veut qu’il soit. Cette fuite constante qui ne pourra continuer éternellement mais qui aujourd’hui l’aide à respirer. Ce désir de liberté dont-il n’arrive toujours pas à satisfaire et qu’il redoute un jour de posséder...

Il le savait au fond, qu’il devait changer, qu’il devait assumer que ses envies ne puissent être assouvies, qu’il devait trouver son bonheur autrement mais ne plus tourner le dos à ce qui fait sa réalité depuis des années maintenant. Il y a des rêves qui ne peuvent être réalisés, ils seront ainsi chéri à tout jamais, car accomplir un rêve, c’est le perdre… peu importe le plaisir qu’on en tire de l’avoir fait, il n’existe alors plus. Mais si Stygian le savait, il n’arrivait pas à changer… attendant comme l’eau qui dort, il se méfie du jour où sa vie basculerait, priant égoïstement qu’il obtiendrait ce qui lui a toujours été interdit… la liberté mais sans jamais y croire. Bien loin d’imaginer que ce jour était enfin arrivé, qu’il était temps de tourner une page et que ce qui se cache en lui allait se réveiller. Il était légèrement assoupi quand le bruit derrière lui indiqua au prêtre qu’il n’était plus seul. Il réalisa à cet instant que la pluie c’était enfin arrêtée à l’extérieur et que le temps avait filé bien plus vite qu’il ne s'était rendu compte. Une heure n’était pas suffisante et il n’avait pas la motivation de partir maintenant… il gronda donc sans méchanceté, seulement par caprice, loin, très loin même, d’en réaliser les conséquences. Pensant s’adresser au gérant, il était égal à lui même…

- Ne me dis pas que c’est déjà l’heure ! Encore une… je te paie le double… mais laisse moi rêver encore un peu… mon coeur n’est pas prêt à y retourner… le pire… c’est qu’il ne le sera jamais n’est-ce pas ? Hmm…
© 2981 12289 0