AccueilAccueil  
  • Dernières imagesDernières images  
  • RechercherRechercher  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • Derniers sujets
    » Fermeture du forum.
    Etoile Morte EmptyMer 7 Avr - 23:06 par Sanai-Tehn

    » [Simple] Tahn Celhán.
    Etoile Morte EmptyVen 16 Aoû - 18:38 par Invité

    » Votre demande.
    Etoile Morte EmptyDim 4 Aoû - 13:45 par Invité

    » [SIMPLE] Magi the labyrinth of magic
    Etoile Morte EmptyVen 19 Juil - 0:06 par Invité

    » Départ pour Regrets
    Etoile Morte EmptyDim 14 Juil - 22:38 par Invité

    » [SIMPLE] Nano Roleplay
    Etoile Morte EmptyLun 1 Juil - 17:32 par Invité

    » [Simple] Chicago's Pulsion.
    Etoile Morte EmptyDim 30 Juin - 23:46 par Invité

    » [SIMPLE] Peek a boo
    Etoile Morte EmptyDim 30 Juin - 14:28 par Invité

    » [SIMPLE] Chronos rep
    Etoile Morte EmptyDim 23 Juin - 20:57 par Invité

    -50%
    Le deal à ne pas rater :
    -50% Baskets Nike Air Huarache
    64.99 € 129.99 €
    Voir le deal

    Prêtre
    Seshat Joie-des-Astres
    Lun 22 Avr - 21:02
    http://kurkigal.forumactif.com/t583-seshat-joie-des-astres-ad-astra http://kurkigal.forumactif.com/t585-constellations-journal-de-joie-des-astres http://tol-orea.forumactif.org/
    Prêtre


    Entends-nous…

    Il détestait son reflet. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, il n’avait guère aimé cet aspect malingre et souffreteux d’adolescent ayant subis une poussée de croissance. Ces jambes grêles supportaient à peine son poids, pourtant léger et son équilibre précaire ne favorisait pas une adresse digne d’un membre du Clan de la Lune. Il était condamné à vivre dans l’ombre des plus grands, des plus forts, des plus beaux que lui.

    Il avait cru que cette place lui suffirait. Après tout, caché dans les replis de la société, il bénéficiait du confort de l’anonymat et pouvait librement exprimer son individualisme. Si tant est que ce concept se fraye un chemin favorable à travers son esprit… N’était-il pas la moitié de chair de sa sœur ? N’était-il pas une âme jumelle toute aussi digne d’intérêt et, par-dessus tout, digne d’exister ? Il avait longtemps cru que sa vie serait toujours entremêlée à celle de sa sœur. Unis comme seuls le pouvaient l’être des jumeaux parfaits, il ne pouvait imaginer sa vie sans elle. Cette pensée lui était inconcevable.

    Lorsque l’angoisse le submergeait, il préférait les bras réconfortants de sa jumelle à ceux de tout autre. Lorsque le contact des autres êtres humains lui devenait insupportable, alors que l’appel de la rêverie solitaire se faisait de plus en plus fort, elle était la seule qu’il acceptait à ses côtés. Elle avait été tout pour lui. Il avait naïvement espéré que la réciproque demeurerait éternelle.

    Pauvre de toi…

    Alors que la douleur le terrassait une nouvelle fois, cette question revenait le hanter : pourquoi était-elle partie ? Il se souvenait de ses cris, de sa rage comme il se remémorait la saveur amère de ses propres larmes. Pourquoi les avait-on séparés si cela leur faisait si mal ? Il n’avait jamais compris ce concept du sacrifice, de la douleur que l’on s’inflige au nom de l’honneur ou du devoir. Cette étrange tournure de l’esprit, alors que sa famille l’affublait de tous les qualificatifs synonymes de faiblesse depuis sa naissance, il en faisait sa fierté. Elle le différenciait de tous ces Kigallus amoureux de la mort et de leurs titres, de ces gens du peuple incapables de comprendre la beauté d’un monde sans effort inutile. Cette vie oisive déplaisait-elle tant à sa sœur pour que celle-ci le quittât sans plus protester ?

    Dans ces nuits où le sommeil le fuyait, alors que ses ongles grattaient sous cette peau devenue étrangère, il se demandait si sa jumelle ressentait la même chose que lui à cet instant. Pouvait-il lui communiquer toute la peine, toute la colère que son abandon lui évoquait ? Avec son départ, il avait peu à peu pris conscience de son individualité. Il découvrait avec plaisir – avec terreur – qu’il pouvait exister pour lui-même. Petit Shamshu de santé fragile, on vantait son esprit vif mais on déplorait sa mollesse morale, son manque d’application dans ses leçons. Il fuyait les précepteurs pour mieux s’abîmer dans ses songes éveillés, à rêver d’une liberté factice loin de sa prison dorée. Le nom de sa sœur revenait sur toutes les bouches. Si forte, si brillante, si belle… Si différente de lui. Cette révoltante pensée lui soulevait le cœur. N’étaient-ils pas les deux faces d’une même pièce, le miroir l’un de l’autre depuis toujours ?

    Rejoins-moi… Rejoins-nous…

    Dans le silence de ses lèvres closes, il avait maudit Gula de lui avoir volé sa bien-aimée, maudis ses parents de l’avoir laissée partir, maudis celle par qui le malheur était arrivé… Seshat la parjure. Celle qui avait rompu la promesse d’être toujours là pour lui. Plus jamais il ne vivrait à l’abri de son ombre. Plus jamais il ne connaîtrait la douceur d’être aimé par son âme-sœur.

    Il se mordit la lèvre inférieure si fort que le sang coula. L’épais liquide noir nappa son menton, macula son torse imberbe pour venir imprimer les draps de son infamie. Un spasme agita son bras et la cuvette d’eau fraîche vint retentir sur le dallage en sonnant le glas de sa tranquillité. Il sentait ce bouillonnement familier dans chaque fibre de son corps. Il se frictionna le bras jusqu’à sentir l’os bouger, les écailles frémir, la sombre sève s’égoutter sur le sol. Avant même d’avoir jeté un œil par la fenêtre, il sut que son supplice recommençait.

    Il parvint à contenir ses hurlements jusqu’à ce que la porte cède. La lumière des flambeaux se déversa dans la chambre avec la violence d’un incendie. Il chercha aussitôt à se cacher sous les draps, sous le lit s’il le fallait tant le rougeoiement des chandelles lui brûlait les yeux. On l’attrapa par son bras valide. On le ramena avec fermeté vers sa couche en dépit de ses piètres efforts pour s’extraire de cette poigne. Chaque calvaire amenait son cortège de domestiques affairés, sa mère en pleurs et, parfois, son père assistait au déplaisant spectacle en se murant dans le silence.

    «  Jaehu… Jaehu, mon tout petit… » sanglotait celle qu’il appelait mère dans ses instants de lucidité.

    Cette nuit-là, une autre silhouette fit irruption dans la chambre mortuaire. Il sourit de toute ses dents pointues, darda un regard insondable et noir tel un puits sans fond, sans toutefois réussir à la voir, sur cette nouvelle actrice sur scène. Tel un pantin désarticulé, il s’écroula entre les mains brusques des serviteurs, bredouilla des excuses inarticulées. Demandait-il pardon à celle qui chassait les rassurantes ténèbres ou aux Voix entêtantes qui l’obsédaient à la clarté de la lune pleine ?

    « Seshat ! »

    Un flot noirâtre s’échappa de sa bouche. Il vomit sur sa sœur toute la haine qu’il ressentait pour les humains, pour le royaume, pour lui-même. Tiraillé entre ses tendres souvenirs d’antan et sa jalousie dévorante envers celle qui l’avait rejetée, il céda à la panique et se tortilla de plus belle sur le lit. Trempé de sueur et d’immondices innommables, abreuvé des larmes – des perles plus pures que tout l’or des dieux ! – de sa bien-aimée, il se surprit à pleurer à son tour. Il ne se souvenait pas avoir jamais vu Seshat verser la moindre goutte d’eau. La découvrir si frêle – comme lui – tout contre le poids mort qu’il représentait, le bouleversait.

    … Tu n’es pas comme eux. Tu n’es pas comme elle. Tu es l’un des nôtres…

    Un rayon de lune frappa les angles durs de ce visage ciselé dans l’ébène qu’il connaissait depuis l’enfance. La ressemblance avec son propre reflet le frappa de plein fouet. Plus brave et plus magnifique que dans sa mémoire, elle apparaissait telle une matrone divine à son chevet et il ne pouvait plus détourner le regard. Quelle disgracieuse créature il faisait à côté d'elle ! Ses prunelles se voilèrent malgré sa volonté de contempler encore un peu ce visage tant chéri. Il secoua la tête, chercha du regard celle qui lui étreignait la main à lui broyer les os, ne rencontra que le vide. Et les Voix… Enivrantes, charriant le chant de la marée montante, noyant les supplications de sa sœur autant que sa volonté de s’accrocher à la vie.

    Dès que le mot « souillure » avait été prononcé, des mois plus tôt, il avait su son sort scellé. Il avait accepté cette fatalité avec toute la sérénité du monde. Son cœur avait eu beau se rebeller sauvagement, sa raison lui avait susurré la même vérité tant répétée par les Voix.

    ... Tu es déjà mort. Rejoins-nous...

    Devait-il se sentir soulagé d’être enfin considéré en tant qu’individu unique et dissemblable de sa jumelle si parfaite ? Devait-il se satisfaire de sa condition de mort-qui-marche, la monstruosité recluse dans sa chambre qui luttait vainement contre ces Voix issues des profondeurs, pourtant les seules à l’aimer pour ce qu’il était réellement ? Sous le pâle épiderme, sous la maigre carcasse soulevée par un souffle irrégulier, roulaient les épines d’une cruelle malédiction qui, cependant, allait bientôt le libérer. Les Voix tenaient leur promesse.

    Au moins aurait-il revu Seshat.

    Son sourire de joie malsaine s’étouffa dans un flot de sang caillé tandis qu’il s’étranglait, s’agitait et s’apercevait à peine qu’il était désormais seul avec sa sœur. Les Voix l’appelaient, telles des sirènes mortifères. Il tourna la tête vers la fenêtre, chercha la lune derrière le voile opaque de la cécité. Il sentit à peine le coussin se poser sur son visage. Un soubresaut électrisa son corps tandis que la créature cherchait à happer l’air.

    Seshat… Pardonne-moi…

    Ne plus résister. Quelques mots de thuggons jaillirent.

    Je suis… J'étais... Jaehu…

    Entends-nous ! Rejoins-nous !

    Chairs déchirées. Battements de cœurs précipités. Sourds comme les tambours des abysses.

    Je vous entends ! Je viens !

    Profonde inspiration. Bientôt.

    Seshat…
    Je t’aime…


    Enfin.

    Adieu.
    http://kurkigal.forumactif.com/t583-seshat-joie-des-astres-ad-astra http://kurkigal.forumactif.com/t585-constellations-journal-de-joie-des-astres http://tol-orea.forumactif.org/
    Seshat Joie-des-Astres
    Date d'inscription : 28/11/2018
    Messages : 69
    Age du perso : 28 ans
    Métier : Prêtresse supérieure de Gula & professeure à la Maison de Sagesse
    Thème : Mhysa - Ramin Djawadi



    - Sujets similaires

     
    Permission de ce forum:
    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum