Aime-la-Lune porte assez mal son nom : il n'y a peut-être pas plus terre-à-terre que Tiama.

La jeune Inanna est plutôt du genre sympa, hein ! Elle apprécie beaucoup les discussions avec des personnes de sa connaissance quand elle en a l'occasion, elle sait se conduire de manière fort amicale lorsque les circonstances l'exigent, elle fait tout pour que son maître actuel soit fière d'elle et de ses efforts au quotidien. Tiama met un point d'honneur à toujours paraître comme ses maîtres l'exigent. C'est une leçon qu'elle avait appris jeune, lorsque ses parents avaient été contraints de la vendre à un prêtre.

Malléable et corvéable à merci, elle se plie sans volonté à celui ou celle qui la détient. Elle s'arrange toujours pour que tout soit parfait, un instinct de préservation poussé ? Toujours est-il que cette Inanna a toujours été bien traitée par ses maîtres et que personne n'avait jamais de motif suffisant pour tenter une petite punition en dehors des lois. Tiama avait ce côté un peu parfait et trop lisse, malgré un physique glamour au possible.

Et d'un autre côté, son pragmatisme n'avait d'égal que sa candeur, même si elle était au courant de tout ce qui se passait au niveau sexuel. Le fait d'entendre, de voir et de pratiquer, c'étaient trois choses totalement distinctes qu'elle n'était pas pressée d'exécuter. Ouvrir ses oreilles là-dessus lui suffisait amplement. Elle aurait pu se trouver un mari et faire des enfants, mais elle n'en avait pas la moindre envie, jugeant que cela pouvait mettre un frein sévère à ses ambitions de servitude. Tiama était faite pour servir et n'allait pas s'embarrasser d'une famille aimante qui ne comprendrait peut-être jamais son dévouement.

Tiama est une Inanna très curieuse et aime apprendre. Chaque journée qui commence pour elle ressemble à un défi et chaque obstacle est une leçon. Son appétit pour le savoir pourrait éventuellement en faire une arme à qui saurait la manier. Elle bénéficie d'une mémoire photographique et physionomique, aucun détail ne peut lui être épargné.

Aime-la-Lune est également une personne très douce et très tolérante. Elle n'aime pas se fâcher et préfère le dialogue à la colère. On lui disait souvent qu'elle n'avait pas eu de chance d'avoir fini comme esclave, que ses talents de communication auraient pu être très utiles dans un temple, peu importait lequel. Mais Tiama s'en fichait. Ce n'était pas la peine de revenir sur un passé vieux de plusieurs années maintenant. Il fallait avancer, ne jamais se retourner.

Ainsi va la vie, et sa philosophie...

Ha oui ! Un petit PS quand même : elle aime dire la vérité, mais elle n'aime pas les filtres ! Enfin, je dis ça comme ça...

Tiama est une jeune inanna très jolie, mais elle ne s'en rend même pas compte. Son physique plutôt dans les arrondis sensuels, elle mesure un mètre soixante pour une cinquantaine de kilos. Ce sont surtout ses formes douces et agressives à la fois qui vont captiver les regards en tout genre. Tiama n'a aucune conscience de sa beauté et c'est peut-être pas plus mal comme ça. Pour autant, si on la reluque un peu trop aujourd'hui, c'est bien à cause de son dernier maître, lequel s'était fait un plaisir de renouveler sa garde-robe de vêtements chatoyants mais aussi très échancrés ou même parfois carrément transparents.

Tiama s'en fout tant qu'elle n'est pas à poil. Ce n'est pas tant par timidité ou pudibonderie qu'elle tient à porter quelque chose, c'est surtout pour que ceux qu'elle aurait le malheur d'attirer lui foutent la paix... (bon, l'efficacité du truc reste encore à juger hein) Jusqu'à présent, elle goûtait peu la tranquillité et aurait préféré ressembler physiquement à ces planches à pain de prêtresses de Derketo. Il était même étonnant qu'elle soit encore vierge à 24 ans, mais c'était surtout grâce à sa très grande prudence. Elle savait éviter les emmerdes comme un ninja.

Outre un physique avantageux qui aurait pu lui apporter tout ce qu'elle n'avait jamais osé demander, Tiama possède aussi un visage qui peut marquer la rétine de celui qui l'observe. Des traits fins et presque aristocratiques, ils sont mis en valeur par ses grands yeux améthyste limpides et sa bouche légèrement bombée et rosie. Aime-la-Lune est très expressive et ne sait pas mentir, son visage montre tout de suite quand elle essaie, ce qui peut la mettre dans des positions parfois impossibles. Heureusement, on lui donnerait également le bon dieu sans confession, ce qui la sauve la plupart du temps.

On la prend souvent pour une Ninlil Shu'aru du fait de son caractère qui colle tellement pas avec son corps. En la voyant, on pourrait croire qu'elle ferait preuve d'une fierté et d'une totale confiance en elle, qu'elle serait une séductrice et tout. Hors, elle est plutôt inhibée et n'a jamais vu le loup, un peu comme une pré-ado qui a manqué son évolution.

Non, je n'ai pas à vous raconter ma vie, comme ça, juste parce que vous me le demandez ! Et puis quoi encore ? Vous voulez peut-être que je m'allonge par terre et vous serve de tapis ?

Bon... Puisque vous insistez, je vais vous la faire courte. J'ai pas envie de passer 24 ans à vous décrire chaque journée de ma vie dans le détail. Ça me gave déjà bien assez.

Bref ! Je suis née à Shurug. Mes parents faisaient partie d'une branche plus que basse du clan de la lune, si basse qu'ils ont dû me vendre à un prêtre de Gula pour survivre avec mes sœurs aînées. Après, en l'état actuel des choses, je ne peux pas dire que je regrette. Ma vie d'esclave a commencé à six ans. Certes, j'ai pleuré comme tout enfant de cet âge qui se voit enlevé à sa famille. Je me suis débattue et j'ai même essayé de mordre la main du prêtre je crois. Ce dernier était très gentil pourtant, il comprenait la douleur que j'éprouvais à m'éloigner de mon seul cadre de vie affectif.

Il me laissa le temps d'encaisser cette blessure émotionnelle. Avec le temps, je pleurais moins, je m'intéressais à beaucoup de choses. Le prêtre était vraiment très gentil et paternel, il m'avait avoué plus tard que j'étais pour lui la fille qu'il aurait aimé avoir s'il n'avait pas été stérile. C'est bien pour cela qu'il m'avait achetée. En plus d'une bonne éducation qu'il me permit d'avoir, il m'enseigna les devoirs d'une bonne esclave, car nous ne devions pas oublier que maintenant que j'en étais une, je ne serai plus jamais libre. Il fallait que j'apprenne à m'adapter à ce que chaque maître que j'aurais devant moi désirait.

Je suis restée une dizaine d'années à son service avant qu'il ne tombe malade. Il me céda alors à un autre prêtre de son temple, lequel n'était pas aussi prévenant. Mais peu importait. J'étais reconnaissante envers mon "père d'adoption". Il avait fait de moi une servante modèle sans me cacher que la vie au service des autres serait moins facile. Personne n'était comme lui. Je dus me résigner à l'abandonner, sans savoir s'il avait survécu ou s'il y était resté. Je l'ai remercié pour toutes ces années de patience et d'apprentissage. Grâce à lui, je connaissais l'histoire de Kur-Kigal, la géographie, la philosophie aussi. Il m'avait appris à lire et à écrire, mais je devais cacher cette information selon lui, elle pourrait peut-être me causer du tort.

Mon nouveau maître n'était pas méchant, mais pas très sympa non plus. J'étais son larbin, comme tout servant qui se respecte en temps normal (enfin, ça reste à vérifier quand même). Je ne faisais pas de vague, je me pliais à ses volontés, et heureusement qu'il n'avait pas de vue sur les femmes, parce que son faciès libidineux quand il apercevait un beau mâle me dégoûtait profondément (je suis certaine de l'avoir vu baver au moins deux fois !). J'espérais vivement qu'il n'allait pas me garder longtemps à son service, parce qu'il m'écœurait vraiment. Il sentait mauvais, un savant mélange de sueur et de pisse, alors qu'il me demandait tous les jours de lui apporter au moins une dizaine de seaux d'eau... Non ! Ne me demandez pas ce qu'il faisait avec ! Je n'en ai pas la moindre idée et je ne veux pas le savoir ! C'était un gros dégoûtant, point !

Heureusement pour moi, il ne me garda que quelques mois. J'appris plus tard qu'il avait quitté le temple avec son amant, que ce dernier s'était barré dès le lendemain sans explication après qu'il eut été jugé. Une bien moche affaire.

On me mit au service d'une famille influente appartenant au clan du crâne, une famille d'embaumeurs qui œuvrait depuis des générations. Je n'ai rien contre le clan du crâne personnellement, mais le fait que tout ou presque tourne autour de la mort chez eux me file un peu la chair de poule. Heureusement, ils étaient sympas pour la plupart et me laissaient faire mon boulot correctement. Jusque là, on peut dire que j'ai eu de la chance.

J'y suis restée quand même près de 5 ans. Un prêtre du culte de Sabaoth avait demandé à cette famille s'il pouvait me récupérer. Ils ont accepté. Je n'étais pas triste en les quittant, je regrettais amèrement par la suite.

Il n'était pas étonnant que le prêtre qui m'avait engagée soit un parfait idiot. Il me bavait dessus à chaque fois qu'il s'approchait un peu trop, il avait fait changer toute ma garde-robe en des vêtements que je n'aurais jamais osé porter en tant qu'esclave, mais ça le faisait apparemment triper. Il aurait bien voulu que je me laisse aller à le chevaucher, je réussissais grâce à mon premier maître à esquiver ce genre de comportement que je trouvais carrément malsain. Et pendant ce temps, au temple de Sabaoth, une nouvelle Haute-Prêtresse remplaça l'ancien.

Pritika Fleur-des-Dieux était plus jeune que moi et assurait la place avec une aura que je qualifiais d'agréable. Le prêtre que je servais (quand il n'essayait pas de poser ses grosses pattes velues sur moi) n'arrêtait pas de débiter des insanités sur Pritika, il la jalousait ouvertement. J'avais même entendu qu'il s'était associé dans le feutré à un groupe de prêtresses qui souhaitaient que la nouvelle arrivante prenne déjà des "vacances".

Et bien évidemment, mon maître m'avait interdit de dire ou faire quoique ce soit concernant Pritika. Une telle action cruelle me laissait pantoise. Et je ne pouvais même pas avertir qui que ce soit ! J'étais pieds et poings liés, en espérant peut-être vainement que la Haute-Prêtresse s'en sorte, même si j'avais peu d'espoir...

Et comme par miracle, elle réussit à s'en sortir ! J'étais tellement heureuse et soulagée, mais je m'efforçais de garder tout ça pour moi. Il fallait composer avec le caractère instable, colérique et très idiot de mon maître. Et donc, comme d'habitude, je me tins à carreau et continuait d'éviter les avances de cet ignoble individu...

Quelques années plus tard, le prêtre m'annonça qu'il souhaitait me céder à la Haute-Prêtresse. Mes yeux s'écarquillèrent en comprenant tout ce que cela pouvait impliquer. Plus de ruse pour tenter d'esquiver un porc ! Mais par la suite, il posa quelques conditions qui me déplurent immédiatement. Je n'y allais pas parce qu'il voulait se débarrasser de moi, il souhaitait que j'infiltre l'entourage de Pritika pour lui apporter un maximum de renseignements...

En tant qu'esclave, il était de mon devoir d'obéir aveuglément à ce débile profond. C'était bien l'une des rares fois où je regrettais que mes parents m'aient vendue. Tout mon être se révoltait face à la demande abusive, mais je n'étais pas encore partie de son service, et je ne pouvais pas refuser, d'autant plus qu'il me menaçait des pires représailles si je ne lui obéissais pas...

Je n'ai pas encore été présentée à la Haute-Prêtresse. Je ne sais même pas encore à quoi elle ressemble. Tout ce que je sais, c'est qu'elle a été bombardée Haut-Prêtresse à 16 ans, que ça fait deux ans qu'elle siège à ce poste et qu'elle a fait énormément de choses qui ont touché plus ou moins de monde. Il faudrait quand même que je me renseigne mieux que ça. Passer près de trois ans à pratiquer l'art ninja de l'esquive sur mon maître avait sérieusement nui à mes capacités de renseignements.

Mais apparemment, je n'étais pas au bout de mes peines...